Former United player Mickey Thomas

UTD Témoignages : le combat d'une vie

mercredi 16 octobre 2019 16:13

On ne sait jamais de quoi demain est fait.

Tous ceux qui me connaissent savent que je suis heureux et fou la moitié du temps.

La première fois que je me suis senti mal c’est quand j’ai essayé de manger une pomme un matin. Rien d’inhabituel car j’aime rester en bonne condition, mais particulièrement ce matin, je n’arrivais pas à l’avaler.

J’ai pensé que c’était un gros morceau de pomme, mais il s’est passé la même chose le jour suivant.

Puis ça s’est reproduit.

Encore et encore.

Je suis allé chez le médecin et je lui ai dit que je ne pouvais pas avaler. Il m’a dit que c’était sûrement un reflux et il m’a donné des comprimés.

Mais cela a duré longtemps, j’ai dû continuer à aller chez le médecin.

“Je ne mange rien", ai-je dit.

“Je peux à peine avaler.”

Les médecins disaient que j’allais bien, ils n’avaient pas la moindre idée de ce qu’il m’arrivait. Mais avec le recul, tous les symptômes étaient là.

Après ça, j’étais avec United en tournée et Bryan Robson, qui a été malade auparavant, m’a regardé et m’a dit :

"Tu dois voir un médecin."

La manière dont Robbo m’a regardé me faisait peur. 

Quand je suis rentré, je suis allé voir mes amis et je leur ai dit :

"Écoutez, je souffre."

Et je leur ai expliqué la situation ; Ils ont payé pour que j'obtienne un deuxième avis, ce dont je leur serai toujours très reconnaissant.

J'y suis allé la semaine suivante et le médecin m'a parlé par la suite.

"Je n’arrive pas à te faire descendre la caméra."

J’ai répondu :

“Comment ça?”

Il a dit : "Vous avez un blocage. Malheureusement pour vous, dit-il, vous avez une très grosse tumeur et elle n'est pas en bon état. Ça saigne."

J'étais tout seul à ce moment-là. L'ami qui m'avait accompagné au rendez-vous était rentré chez lui parce que je pensais que tout allait bien.

“Du coup, combien de temps me reste-t-il ?"

“Je ne sais pas”, m'a-t-il dit.

"Nous devons faire des examens, afin de voir ce que c’est et si ça s’est répandu."

C'était le début d'une longue attente d'agonie pour moi parce que je ne savais pas si cela allait me tuer immédiatement ou si j'allais y survivre.

J'ai dû passer un scanner pour me faire examiner. Résultat négatif, c'était localisé dans une zone. Puis j'ai eu un autre examen après ça. J'ai dû attendre 10 jours les deux fois, c’était une période de nervosité pour moi et ma famille, me demandant si le cancer était dans mes organes. Rien à signaler.

Je pensais que tout allait bien et ils m’annoncent que je dois faire un troisième scanner.

J’ai demandé : “Pourquoi ? Je viens d’en faire 2."

On m'a dit : "Celui-ci vous montrera s'il est ailleurs - dans votre orteil ou n'importe où ailleurs. C'était 10 jours de plus à attendre, donc c'était horrible. Résultat : il n’était que dans un seul endroit."

Puis le docteur m’a expliqué : 

"Ça va être une grosse opération."

Puis : 

"Tu as une chance sur deux. Les gens qui ont cette opération... c'est très compliqué."

On m'a dit que c'était l'une des opérations les plus difficiles contre le cancer.

Je me suis effondré.

J’étais choqué quand ils m’ont dit que je n’allais peut-être pas survivre. Sur 100 personnes, 70% en meurt et 30% survivent. C’était donc pire que 50/50. Je suis tombé par terre. Je me suis réveillé dans un lit d’hôpital avec des câbles sur la tête et ils étaient évidemment inquiets mais je ne pouvais pas le supporter. Ça me faisait très peur.

Ce n’était pas aussi simple que de se faire opérer. J’ai dû traverser tout un processus de 9 semaines de chimiothérapie.

Ça n'a pas réduit la tumeur.

Les docteurs m’ont dit qu’ils devaient m’opérer immédiatement ce jour-là. Pendant les quatre ou cinq jours précédents, je n'ai même pas pu avaler de l'eau, alors il a dit qu'il fallait que ce soit ce jour-là parce que je ne serais plus là la semaine prochaine.

Comme vous pouvez l’imaginer, je me dirige vers le bloc opératoire, sans savoir ce qui allait se passer, me demandant si j’allais me réveiller. Ils m’ont mis dans un coma artificiel afin de me faire une anesthésie péridurale. Je suis assis sur le lit, ils me plantent des aiguilles pendant que je suis réveillé et je savais que je ne me réveillerai pas avant trois ou quatre jours car je devais me reposer après l’opération.

Puis ils m’ont endormi. 

Je me souviens des premiers mots que j’ai entendu à mon réveil...

« On a sorti le cancer. »

Évidemment, j’étais à moitié réveillé, à moitié endormi, je n’avais rien compris, mais c’est ce qu’ils ont dit. 

J’étais en soin intensif pendant 10 jours après ça, parce que j’avais des complications avec mon cœur et ma tension artérielle. Pendant 10 jours, j’étais à 50/50 à nouveau.

J’avais une infection très grave qui aurait pu me tuer. C’était la chose la plus dangereuse de l’opération. Ils devaient informer ma famille que je n’allais pas bien à ce moment. C’était effrayant. Pas tant pour moi - j'avais peur, ne vous méprenez pas, ça ne me dérange pas d'admettre que je pleurais - mais ma famille, je n'étais pas sûr que j'allais être là pour eux. Vous voyez vos enfants pleurer et c’est dur à encaisser. Je pensais à mes enfants, ma sœur et mon frère, parce qu’ils m’admirent. Et c’est dur, c’était horrible, vraiment.  

Mais maintenant, ça fait 4 mois depuis l’opération et bien évidemment ça va prendre beaucoup de temps pour passer à autre chose. Je le sais. J’ai eu de bons résultats de la part du chirurgien et je dois juste prendre mon temps.

Il faut 1 an pour récupérer et passer à autre chose. C’est un processus complexe. Mon corps a changé, on m’a retiré mon tuyau alimentaire, je ne peux plus manger de gros repas pour le reste de ma vie. Beaucoup de choses ont changé.

J’ai aussi changé ma vision de la vie. J’apprécie mieux les choses. Quand tu es footballeur, on fait tout pour toi. Tu n’as aucun problème. Mais depuis que je suis entré dans l’hôpital de Wrexham, ma vie a changé. Je regarde les personnes qui sont mourantes du cancer et je suis dans la même position qu’eux.

Les réactions que j’ai eues, dedans et en dehors du football, ont été incroyables.

Sir Alex Ferguson m’appelle et m’envoie des messages, me souhaite bonne chance et me dit que je suis assez fort. Tout le monde, de Chelsea à Stoke, toutes les équipes pour qui j’ai joué. J’ai reçu des lettres de leur part. Ed Woodward, j’ai reçu des lettres de sa part me disant que tout le monde était derrière moi et ça donne un énorme coup de pouce.

Je ne pensais pas être autant aimé !

Honnêtement, j’ai reçu des lettres d’Amérique, d’Australie, des gens qui m’appellent de partout. C’est incroyable. Même aujourd’hui, où que j’aille. On m’arrête tous les 2 ou 3 mètres pour me dire :

« Vous êtes une inspiration ! »

Je ne sais pas pourquoi ! Mais c’est très réconfortant.

Manchester United a été absolument incroyable. Je ne pouvais pas espérer un meilleur coup de pouce. Pour certains, ce n’est pas grand-chose, mais aller à un match et voir les gens là-bas – je suis très reconnaissant. Venir aux matchs à domicile et rencontrer les joueurs, c’est génial. Je rentre à la maison et j’ai l’impression d’être grand – même si je suis un nain !

Je veux juste redevenir moi-même, si possible. Je veux être en confiance à nouveau. Vous savez, j’ai perdu beaucoup de confiance. C'est quelque chose d'important, des gens meurent de différentes choses, mais le cancer est massif. Tant de gens l'ont et quand il vient réellement dans votre direction, vous découvrez à quel point c’est difficile.

J’ai fait mes prières tous les soirs, mais au fond de moi je réfléchis toujours : est-ce que je serai là demain ? Est-ce qu’il va se passer quelque chose pendant mon sommeil ? Est-ce que je vais me réveiller ? C'est ce qui me fait peur en ce moment et je dois essayer de m'en sortir.

Je suis content de ma progression globalement. Tout se fait au jour le jour maintenant. Je ne sais pas de quoi demain est fait pour moi, mais je suis reconnaissant pour aujourd’hui.

Recommandé: