Crerand, Aston, Busby et Best

Ils évoquent la finale 1968

mardi 29 mai 2018 13:11

Il y a cinquante ans jour pour jour, et dix ans après le drame de Munich, le Manchester United de Sir Matt Busby battaient Benfica, champion du Portugal, sur le score de 4-1 après prolongation, à Wembley, pour s’adjuger la Coupe d’Europe. Voici ce que certains des protagonistes de ce match en ont dit depuis ...

Brian Kidd : Tout le monde savait que nous devions gagner. Honnêtement, pour moi, c'était impossible autrement. Nous savions qu'il fallait le faire pour Sur Matt.

Sir Bobby Charlton : Le matin du match, je me souviens m’être dit que nous avions trop donné, traversé trop de choses pour échouer si près du but. Et tout était réuni pour qu’on gagne : on jouait chez nous, on avait un bon bilan contre les équipes portugaises et, vu comme nous étions revenus de nulle part en demi-finale contre Madrid, je savais qu’on serait impossible à battre.

Sir Bobby Charlton : Sans manquer de respect à l'équipe, pour la plupart, nos meilleures années étaient derrière nous. Je savais qu’on n’aurait pas d’autre occasion de la gagner. 

Nobby Stiles : Avant le match, beaucoup se demandaient comment j’allais marquer Eusebio. On me disait dur sur l’homme. La presse affirmait qu’il avait demandé à l’arbitre de le protéger. Mais je respectais Eusebio et je n’ai jamais cherché à lui faire mal. Et il a toujours été respectueux envers moi.

George Best : J’avais hâte d’y être. Je nous voyais déjà les écraser pendant 90 minutes de pure magie. Mais je n’ai bien joué que par phases. C'était un match compliqué, on a mal démarré, les tacles étaient rudes. À la mi-temps, cela faisait toujours 0-0.

Ils évoquent la finale 1968

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Les héros de la victoire historique 4-1 contre Benfica nous parlent de cette finale du 29 mai 1968.

Geoffrey Green, The Times : Wembley a rarement connu pareille nuit. De nulle part jaillit un sommet de football. La première mi-temps fut hachée. Les Portugais taclaient à tout va et l’arbitre italien passait son temps à siffler. Le match était interrompu en permanence, les deux équipes semblaient vraiment de mauvaise humeur. Pour autant, ce n’est pas ce que l’on retient de ce match. Du feu et des coups finit par naître un souvenir que nous chérissons tous.

Sir Bobby Charlton (au sujet de son premier but) : Je faisais une feinte d’appel mais David a fait une belle passe. J’ai simplement tenté de la reprendre mais elle est partie au fond ! C'était génial !

David Sadler : C'était une nuit pleine d'émotion, on sentait la pression, mais ce but nous a mis sur les rails. Bobby pouvait aussi être bon de la tête !

Denis Law (sur l'occasion d'Eusebio) : Comme des millions de gens, j'étais devant ma télé. J'étais tendu, évidemment. Et là, Eusebio est parti au but. Je me suis dit : 'C'est bon, c'est perdu.'

Pat Crerand : Je me suis dit que ce genre d’occasions, Eusebio ne les manquait pas. Mon cœur s’est arrêté. Il a envoyé un missile ... droit sur Alex, qui a fait un superbe arrêt.

Sir Bobby Charlton : Je savais qu’on trouverait cette petite force en nous, ce petit truc en plus qu’ont les équipes britanniques, surtout en prolongation. On a tremblé, évidemment, quand ils ont égalisé, mais je savais que notre entraînement et notre endurance nous permettrait de tenir et qu’ils fatigueraient.

 

  • George Best Profil de joueur

  • Forward
  • Matches470
  • Buts 179
  • 1er match avec United14 sept. 1963 contre West Brom (Dom.)
  • Lieu de naissance Northern Ireland
  • Date de naissance22 mai 1946

Sir Matt Busby : Durant mon discours d’avant-match, j’ai dit aux joueurs qu’ils se tireraient une balle dans le pied s’ils s’amusaient à faire des passes inattentives au lieu de jouer le football qu’ils avaient l’habitude de pratiquer, plein de confiance. Je leur ai dit : 'Tenez d’abord le ballon puis jouez !'

Eamon Dunphy : George Best mit les siens sur le chemin de la victoire grâce au but du 2-1, digne du football de rue, en prolongation. À 25 mètres du but, il a accéléré balle au pied, avec des réflexes très précis. Il a éliminé un joueur, puis un autre, avant de contourner le gardien, désemparé, et glisser le ballon dans le but.

Brian Kidd (sur son but) : On finissait à peine de fêter le but de Besty que mon tour vint. Quel cadeau, pour mes 19 ans ! Ils ont mal repoussé le corner de Bobby et j’ai pu mettre une tête qu’Henrique est allé chercher sous la barre. Sauf qu’en faisant cela, il me l’a remise et j’ai pu le lober sur une deuxième tête. 3-1, la messe était dite !

Sir Bobby Charlton déclare

"Au coup de sifflet final, Matt et moi nous sommes pris dans les bras. Inutile de se dire quoi que ce soit. Je savais exactement ce qu’il pensait."

Sir Bobby Charlton : Au coup de sifflet final, Matt et moi nous sommes pris dans les bras. Je n’ai eu besoin de rien dire, car il savait tout ce que j’avais en tête. Moi aussi, je savais exactement ce qu’il pensait. Je me souviens, pour moi, c'était le sacre ultime. C'était notre devoir, c’est devenu une affaire de famille.

Eric Todd, The Manchester Guardian : Il n’y a pas de mots pour décrire les scènes d’après-match. Même avant la rencontre, les hordes de fans de United ont pris le stade d’assaut. L'émotion qui transpirait après la finale relevait du plaisir universel et sans égal que ressentait Matt Busby. Il a même levé les yeux au ciel comme pour demander la permission de célébrer à l’esprit de ceux qui ont péri à Munich.

Bill Foulkes : J’avais accompagné le boss de bout en bout, jusqu’au titre de champion d’Europe. Je suis fier d’avoir fait partie de cette aventure. Notre victoire, c'était le plus bel hommage que l’on pouvait rendre à ceux que nous avions perdu en chemin.

Sir Matt Busby : Quand Bobby a soulevé la coupe, je me suis senti revivre. Cela a soulagé la douleur que je ressentais en participant à cette compétition. Cela justifiait notre participation.