Quand Dwight Yorke signait à United

Patrick Kluivert était considéré comme la cible principale des Reds. Le Néerlandais n'avait passé qu'une saison à l'AC Milan, mais la rumeur courait qu'il était sur le marché. Au lieu de cela, il a retrouvé un certain Louis van Gaal, son ancien entraîneur à l'Ajax, à Barcelone dans une transaction d'environ 8,75 millions de livres sterling. Comme toujours, il a été spéculé que l'un des attaquants de United susmentionnés pourrait être un poids dans toute offre pour un nouveau joueur.

 

"Je ne veux pas d'anciens joueurs dans ce club", rétorque John Gregory, l'entraîneur d'Aston Villa, lorsque Dwight Yorke est pressenti par Ferguson. "Si les joueurs ne sont pas assez bons pour Manchester United, alors ils ne sont pas assez bons pour Villa". En effet, Gregory n'avait pas l'intention de laisser partir l'international trinidadien. Sa réponse à l'annonce du départ de son joueur vedette est restée célèbre : "Si j'avais eu un pistolet, je l'aurais abattu".

Ce commentaire a fait la une des journaux et Villa a joué la carte de la dureté. Je me souviens avoir parlé avec lui le jour où il a signé son contrat, lorsque je travaillais à ClubCall. C'était à l'époque des téléphones de voiture et il n'était pas facile de le coincer, mais quand j'y suis parvenu, il avait l'air détendu, comme à chaque fois que j'ai eu la chance de travailler avec lui ici, à United.

 

L'impasse était donc totale, même si Yorke était prêt à tout pour rejoindre United. Pierre van Hooijdonk avait suscité la controverse en se mettant en grève à Nottingham Forest pour obtenir un transfert, mais le joueur de Villa n'avait pas envie de suivre le mouvement.

"C'est très flatteur lorsqu'un club de l'envergure de United s'exprime publiquement et dit qu'il vous veut", a-t-il souligné. "Cela n'arrive généralement pas. Je crois fermement que ce serait le bon choix pour moi et, peut-être que si j'avais adopté la même approche que van Hooijdonk avec Forest, je l'aurais déjà fait. Mais ce n'est pas mon style et ça ne le sera jamais. J'aurais aimé rejoindre United cet été. Des occasions comme celle-ci ne se présentent qu'une fois et j'avais demandé au patron et au conseil d'administration de Villa de faire preuve de compréhension".

 

Il a commencé la saison avec Villa, en jouant contre Everton, et le temps était compté pour conclure un accord. Il faudra une somme record de 12,6 millions de livres sterling pour convaincre les Midlanders de faire affaire et de nombreux observateurs à l'époque estiment qu'il s'agit d'une surprime pour un joueur qui n'a pas fait ses preuves au plus haut niveau en Europe. Mais Yorke avait montré son potentiel et possédait le facteur X que Ferguson recherchait. Son travail à Villa Park n'est pas passé inaperçu.

Je me souviens d'un match télévisé en direct contre Newcastle United, au cours duquel il a marqué un triplé dans une défaite 4-3, ce qui a mis en évidence ses talents de buteur, ainsi qu'un penalty Panenka effronté qui a trompé David Seaman, entre autres. Pour relativiser ce moment d'impudence, il a permis à son club d'accéder à l'Europe à la fin de la saison 1997/98 et de prendre confiance.

 

Une pièce essentielle du puzzle était arrivée à Old Trafford et allait connaître la plus étonnante des premières saisons. C'est peut-être pour cette raison que Dwight Yorke était le joueur idéal pour le Manchester United de Ferguson.

 

Il jouait toujours avec le sourire et ne semblait pas affecté par la nervosité ou la pression, compte tenu du prix de sa tête. Avec Cole, Sheringham et Solskjaer déjà au club, il se serait donné les moyens de s'intégrer à l'équipe et de commencer à rembourser ce prix.